Un beau jour (en fait, pas du tout, il faisait un temps affreux) alors que votre humble serviteur écumait les vastes et sombres profondeurs du net à la recherche d'un son nouveau pour lui chatouiller les oreilles, il est tombé sur Mexicoma, un groupe qui, comme son nom ne l'indique absolument pas, nous arrive tout droit de Suède dont la fondation ainsi que le premier album remonte à 2010.
Côté petites chatouilles des oreilles, on repassera, la voix du chanteur étant plus du genre à vous déchirer les tympans au fil de fer barbelé et il est possible qu'à la première écoute, ainsi qu'il en fut pour moi, celle-ci ait un effet repoussoir assez considérable. Ce n'est qu'en me forçant un peu au début que j'y suis revenus afin de profiter des nombreuses qualités cachées de l'album. J'ai ainsi fini par sincèrement l'apprécier, sans compter que ce n'est pas tous les jours qu'on peut entendre chanter quelqu'un qui donne réellement l'impression d'avoir avalé une boite entière de lames de rasoir avant d'enregistrer, surtout accompagné par une musique aussi bien foutue.
Parce que disons-le tout de suite, si j'ai pas trop eu à me forcer pour aimer Mexicoma, c'est que le travail des instruments y est pour beaucoup. Loin de se précipiter sur des rythmes frénétiques et endiablés dès le début, ces derniers prennent leur temps pour poser l'ambiance grâce à d'efficaces et courtes intros avant de vous catapulter dans les oreilles des riffs de guitares vibrants de puissance et des rythmes plus énergiques. Pour ceux qui, comme moi, se mettent à la fenêtre dès que l'orage approche pour admirer le déchainement de la nature dans toute sa beauté, Mexicoma, au fils des écoute procure une sensation analogue : Le premier frisson d’excitation qui se produit alors que l'orage est encore loin et ne fait que vous envoyer son lourd grondement roulant depuis l'horizon jusqu'à ce que finalement la fureur des dieux ne s'abattent sur la terre dans un déchainement de feu et de bruit ! Le rythme redescend ensuite, épousant la puissance de la voix pour les couplets. Entre la musique et la voix, on ne sait plus qui accompagne qui, mais l'important c'est que c'est foutrement efficace ! L'album pourrait alors n'être qu'une succession de passages puissants et énervés et d'autres plus calmes et contemplatifs, mais ce serait simplifier à l'excès un album dans lequel chacun des morceaux, malgré les points communs qu'ils partagent, parvient à se forger un identité propre.
'5,27', le premier morceau constitue une entrée en matière puissante, efficace et permet d'apprécier dans toute son amplitude la puissance de la voix et des riffs qui donnent tout, histoire d'inviter l'auditeur à apprécier la suite, je sais pas pour vous, mais moi, ça a marché à merveille. 'Pray', qui lui fait suite continue sur la même lancée et se fend d'un court passage parlé au ton prophétique cerné de riffs de guitares bien gras. 'Relentless', le troisième morceau (pour ceux qui suivent pas) se distingue quant à lui par un petit solo de guitare bien senti et un conclusion furieuse qui laisse l'auditeur un peu groggy, mais chaud pour le quatrième morceau qui constitue la première véritable rupture de ton de l'album. On est en plein Rock'N'Roll et ça passe niquel ! Ce 'Truth Being Told' constitue en outre, par ses sonorités, le morceau le plus "kyussien" de l'album (là vous me direz :"mais est-ce que vous allez un jour nous lâcher avec Kyuss ? Réponse :"ça m'étonnerait !"). Passé ce pic de puissance qui est pour moi le point culminant de l'album, le calme revient peu à peu sur les trois derniers morceaux, 'Bright Black Day', tout en rythme binaire, 'Omega Doom' plus contemplatif (quoique se parant de riffs assez puissants, lui aussi !), mais dont le titre est pleinement justifié. Enfin, la version unplugged de ce dernier, assez plaisante, même pour quelqu'un pour moi qui est loin d'être un fan de versions unplugged, et qui est donc aussi objectif sur ce sujet que le volontaire d'une quelconque secte qui sonne probablement à votre porte depuis dix minute l'est à propos de son dieu !
Mexicoma fut pour moi une agréable découverte, idéale pour se poser sur un canap' lors d'un après-midi pluvieux avec un(e) bon(ne) bière/clope/joint/bouquin (rayez les mentions inutiles) dans la main et laisser la musique se déchainer dans vos oreilles.
P.S. : J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle : La mauvaise c'est que le groupe s'est séparé (mais cela ne doit pas vous empêcher d'en profiter !). La bonne, c'est que du coup, leur trois albums/EP (dont deux dont je vous parlerai peut-être quand je les aurai écoutés) sont disponibles en prix libres sur leur Bandcamp !