Monarch est un
groupe français qui évolue dans le doom et qui est souvent catégorisé dans l’ultra-doom/drone.
Mon premier contact avec le groupe s’est fait lors du Hellfest en 2015 ;
et je dois dire qu’il m’avait fait forte impression en termes de puissance
sonore, mais surtout au niveau de l’ambiance bien que le concert s’était
déroulé au beau milieu de la journée. Après avoir écouté plusieurs de leurs
albums et notamment « Sabbracadaver »
sorti en 2014, je dois vous dire que j’étais quelque peu intéressé – bien que
je ne sois pas un fan du genre - lorsque
le groupe a annoncé la sortie de leur nouveau cru intitulé « Never Forever » pour le 22
septembre 2017. Et bon sang, même en étant très peu adepte du genre, je dois
avouer que j’ai été littéralement conquis par l’expérience ! La réponse
ci-dessous.
« Never Forever », une véritable plongée dans le drone occulte
La piste ‘Of Night, With Knives’ ouvre le bal. Un brouillard
lugubre se forme autour de moi tandis que le Soleil semble se coucher bien plus
vite que d’habitude. Un bourdonnement de guitare se fait entendre, et dans ce
même laps de temps, j’entends une voix féminine discrète. Sans que je le sache,
je m’embarque dans une véritable messe noire et je comprends ce à quoi j’ai
affaire uniquement lorsque la batterie entre dans le jeu lorsque j’entends des
fûts se faire matraquer. L’ambiance devient encore plus angoissante à la venue
des multiples voix de femmes qui se font entendre au-dessus d’une sorte de mur
de sonore composé de guitares, de batterie et de basse. Et puis soudain, plus
rien. Tout ralenti pour mieux reprendre par la suite. L’expérience est
marquante, on pourrait même la qualifier de viscérale. Par cette première
piste, Monarch parvient à me faire
perdre les pieds ; c’est comme si j’avais perdu mes repères, on se laisse
porter par la musique et puis on sursaute lorsque vient les cris d’Emilie
Bresson, la chanteuse du groupe. La piste ‘Song of the Void’ calme un peu les
ardeurs avec le même bourdonnement constant tout au long du morceau et tandis
qu’on entend des chuchotements qui nous font garder notre prudence : on a
l’impression que tout peut s’emballer à n’importe quel moment…
Et puis c’est reparti pour un tour avec ‘Cadaverine’. Je me
retrouve à nouveau enveloppé dans un brouillard qui altère mes repères. Au fond
de moi, je sens que cela ne va pas se passer comme prévu. Le début du morceau
est bien trop calme, je sens qu’il y a comme de la rage et de la haine dans l’air
et pourtant la voix parvient encore à m’ensorceler. Les guitares retentissent à
nouveau tandis que Boubi Sablon matraque de nouveau ses fûts de batterie. Comme
pour le premier morceau, on entend parfois une voix masculine – comme celle d’un
monstre - se mêler à celle d’Emilie Bresson ; ce qui rajoute une couche d’horreur
à l’ambiance du morceau. Et puis il y a ces hurlements – ceux de la chanteuse -
qui arrivent sans prévenir : c’est incroyable comme ils sont communicatifs.
Pour ma part, ils m’ont donné l’impression d’un grand désespoir voire de
souffrance, et c’est alors que je sens le désespoir naitre dans mon corps. Dans
le titre de fermeture qui s’intitule ‘Lilith’, les cris sont comme emplis de
haine ce qui leur confère un côté viscéral qui prend littéralement aux tripes.
Cela remet en perspective le fait que la voix est un instrument à part entière
et qui est souvent mise en arrière-plan dans le drone et/ou le doom. Ici, Monarch met la voix sur le devant de la
scène ; c’est elle qui sublime l’ambiance occulte qui se dégage des
morceaux et on peut dire que c’est quelque chose d’unique dans ce genre
musical.
Que faut-il en retenir ?
Avec « Never
Forever » les français de Monarch
passent au stade supérieur. Le groupe évolue dans un style qui lui est propre
et où l’auditeur, quel qu’il soit, ne peut ressentir une quelconque
indifférence. L’album est conçu comme une immense messe noire qui dure plus d’une
heure dans laquelle c’est Emilie Bresson qui apparait comme la prêtresse en
charge du bon déroulement de la cérémonie. En l’espace de cinq titres – dont certains
qui frôlent les vingt minutes – Monarch
parvient à créer une ambiance malsaine mais empreinte d’un charme particulier
qui lui confère une sorte de fascination. Impossible de savoir comment la
musique va évoluer dans les secondes ou les minutes qui arrivent, on est perpétuellement
plongé dans un brouillard et ce, même après avoir écouté l’album plusieurs
fois. Amateurs de drone et de doom, si vous êtes portés sur les ambiances bien
sombres et que vous étiez en manque ces derniers temps ; vous pouvez
accueillir « Never Forever »
comme le nouveau messie.