Les années passent mais Electric
Wizard reste toujours de la partie. On aura toujours un malin plaisir à dire que
chaque nouvel album est moins bon que le précédent – et que le duo Come My
Fanatics/Dopethrone est intouchable – mais force de constater que le
« groupe le plus lourd du monde » continue toujours de faire autant
d’effet dans la scène stoner doom lorsqu’il annonce la sortie d’un
nouvel album. Avec « Wizard Bloody
Wizard » on s’attendait donc à voir le Sorcier Electrique renouer avec
le son bien lourd et gras de l’époque – les mauvaises langues diront sans doute
l’âge d’or – mais que nenni. Jus Oborn continue de faire ce que bon lui semble
quitte à perdre quelques fans au passage, mais si on se met dans sa tête, on
peut penser qu’il n’en a strictement rien à faire. Et c’est tant mieux.
« Wizard Bloody Wizard », du doom vintage sans les effets... pour un effet déconcertant !
Dès l’ouverture de l’album, avec ‘See You in Hell’, on pense
sentir quelque chose de différent par rapport aux précédents albums qui
surfaient sur le doom occulte avec - en guise de promotion - des films de
séries B avec pas mal de nichons et de cul dedans pour rameuter les foules et
se donner une images de mauvais garçons pas du tout fréquentables – ce qui
marche à merveille vous me direz. Non là, c’est comme si que le groupe revenait
à ses débuts en 1995 avec un son qui fait la part belle aux riffs, mais avec
la couche habituelle de gras qui n’est plus là - comme si qu’on avait une sorte
de Electric Wizard Allégé qui
conviendrait parfaitement au régime de votre mère. Mais attention. On a souvent
l’habitude de réduire Electric Wizard
à « Come My Fanatics… » et « Dopethrone », ce qui, pour ma part,
je trouve bien triste. Depuis 2007, et la sortie de « Witchcult Today », le groupe a évolué dans un doom vintage qui
lui colle parfaitement à la peau et dont la mue est lente, voire très lente.
Bien que les premières minutes de « Wizard
Bloody Wizard » laisse penser quelque chose de nouveau, on se dit
quand même que bordel, musicalement ça s’inscrit quand même pas mal dans le
vieux rock des 60’s avec une sonorité plus claire que « Time to Die » mais en même temps
plus dégueulasse et rugueuse. Car oui, on y regardant de plus près, force est
de constater que « Wizard Bloody Wizard » s’inscrit
dans la continuité avec des thèmes toujours aussi occultes et des titres de
morceaux comme ‘Wicked Carresses’ issus directement des vieux nanars
érotico-horrifique du siècle dernier.
Après plusieurs écoutes, on perçoit aussi dans « Wizard Bloody Wizard » comme une sorte
de fatigue avec des riffs qui paraissent harassés ; chose qui est visible
dès la première piste. Mais le point d’orgue arrive avec ‘Mourning of the
Magicians’ (une référence au livre 'Le matin des magiciens' qui traite du réalisme fantastique et donc des sociétés secrètes, de l'alchimie, du parnormal, etc.) qui clôture l’album : Jus Oborn parait las, éreinté par la vie mais
pourtant il est toujours présent et continue de s’accrocher au manche de sa
Gibson même si la fin est proche. « It’s
time to die » avait-il l’habitude de proférer pendant les
concerts ; et bien là je peux vous le garantir que la mort n’a jamais été
aussi imminente. Et en y pensant, c’est d’ailleurs tout ce qui fait la force de
« Wizard Bloody Wizard » :
on retrouve un vrai disque du Sorcier Electrique avec une sacrée ambiance
morbide aussi bien au niveau musical qu’au niveau des paroles qui sont assez
lourdes de sens – notamment celles du titre ‘Hear the Sirens Screams’ qui font
sans aucun doute allusion au groupe et à son histoire récente.
Que faut-il en retenir ?
Depuis sept ans et la sortie de « Black Masses », on peut constater un drôle de manège :
celui où on prend un malin plaisir à dénigrer le nouvel album. On attend
ensuite le prochain tout en gardant espoir qu’il sonne comme un nouvel âge d’or
avant d’être de nouveau déçu puis de dire que le précédent album avait quand
même des qualités – quand je lis certains chroniqueurs qui trouvent de bons
côté à « Time to Die » trois
ans après, ça a tendance à me faire rire. Avec « Wizard Bloody Wizard », le quatuor britannique continue son
petit bout de chemin dans le doom vintage mais avec une couche d’effets en
moins pour un résultat qui sonne un peu plus brut. Si vous ne jurez que par « Dopethrone » et « Come My Fanatics », il est clair
que vous pouvez passer votre chemin. En revanche, si vous êtes particulièrement
friand de la période « Witchcult
Today » et que vous prenez bien le temps d’écouter ce que Jus Oborn a
à vous dire, alors oui, il est certain que vous apprécierez « Wizard Bloody Wizard ».