Apres "The Sun", premier LP de bonne
aloi qui, même s’il n’a pas réinventé la roue du stoner, a créé une ossature
robuste pour le trio ukrainiens et permis de se faire faire un nom. Ce qui
reste à l’esprit quand on parle de Somali
Yacht Club c’est l’expérimentation, cette petite touche d’originalité au milieu
des riffs stoner que nous connaissons bien. C’est avec donc une grand curiosité
que je m’attaque à ce "The Sea".
"The Sea" marque la prise de maturité d’un groupe déjà talentueux
Blood Leaves A Trail est le premier
titre disponible de l’album. Un titre à l’image du nom de l’album avec un mélange
de passage puissant et d’autres plus apaisant, un peu comme la mer, tantôt féroce,
tantôt douce. La basse d’Artur ronronne jusqu’au rugissement riffique de la
guitare de Mez. On est ici plutôt en terrain connu avec un morceau fort
plaisant taillé pour le live.
On poursuit avec les deux titres calmes de l’album : Hydrophobia et 84 Days.
Le premier est un titre original pour un album s’intitulant la mer et s’ouvre
par la basse d’Artur, dont j’attendais encore un peu plus sa mise en avant
tellement le bassiste rajoute du calibre aux premiers titres. On retrouve des éléments
qui rappellent le groupe Moewn pour
le rendu ‘aquatique’ du morceau. Un morceau calme et reposant jusqu’à ce qu’une
explosion grasse retentit alors que l’on somnolait, donnant l’effet d’un punk
arrivant dans une maison de repos au moment de la sieste. Sieste que l’on
pourra d’ailleurs reprendre avec 84 Days,
balade encore plus tranquille que sur Religion
Of Man. Morceau planant qui sent bon de nouveau l’exploration musicale et
le jam. Un titre instrumentale plaisant jusqu’à la voix qui ne me semble par forcément
nécessaire sur ce titre et casse un peu la rêverie.
Mais pour moi le cœur de l’album, là
où les ukrainiens expriment leur inventivité se situent dans les deux premiers
titres de l’album : Vero et Religion of Man.
Vero est donc la première piste de ce
"The Sea". Le titre est justement l’exemple parfait de l’ingéniosité du trio :
on retrouve un titre léger aux accents post rock qui donnent un aspect
scintillant, éthérée au titre. La rythmique n’est pas en reste et la basse bien
ronflante vient contrebalancer la légèreté de la gratte , on se perd comme
dans un rêve. Un petit break doucereux permet à la basse de s’exprimer puis c’est
à Mez de prononcer ses premiers mots. Un changement de motif pour l’émergence d’un
gros riff bien baveux, les trois instruments montent en puissance pour s’unir donnant
un aspect plus stoner et après au final du morceau.
Religion of Man a un aspect plus
solennel, la voix se déployant dès le début pour mettre en place l’atmosphère
du titre. D’ailleurs à noter que Mez s’est amélioré depuis "The Sun" et arrive
mieux à transmettre les émotions. On sort son bâton d’encens et on plane en questionnant
notre plan existentiel. Puis un morceau qui devait être une ode méditative part
petit à petit en jam où le psyché, le post rock et le stoner se côtoient sous
les coups de pédales de Mez.On se retrouve déboussoler à ne plus savoir quoi faire
de son encens, si on doit planer ou taper du pied. Le morceau marquant de l’album
et aussi le plus complexe. Mention spéciale pour le batteur, Lesyk, qui structure le titre et redonne un punch au
final.
Un riff qui n’est pas sans rappeler Monster
Magnet et Crows vient clore l’album.
Le titre est un peu le pendant de Vero
et récupère certains de ses éléments ‘légers’ afin de renvoyer l’auditeur dans
les nuages pour côtoyer les corbeaux.
Que faut-il en retenir ?
"The Sea" est l’album de la
maturité du groupe : les ukrainiens ont peaufiné les éléments vue dans "The
Sun", chanteur travaillé sa voix, les expérimentations sont plus nombreuses et
plus sûre d’elle-même (notamment sur les deux titres longs de l’album). On
souhaite au groupe d’écumer l’Europe avec The Sea qui sera sans nulle doute une
des perles de cette année !