« Mankind Woman »
est le treizième album de cet artiste prolifique qu’est Brant Bjork. Et comme pour chaque album, l'artiste californien arrive à s'entourer de talents de la scène que ce soit Dupree - avec qui il a entièrement co-produit cet album - ; San Wheeler ou encore son vieux compère qu'est Nick Oliveri. Pour ma part, il est le seul des ex-Kyuss dont je
savoure la quasi-totalité de la discographie puisqu’il a réussi à poursuivre
dans le son stoner blues aux chaleureux accents californiens contrairement à son
ex-confrère Josh Homme qui multiplie les différents projets et dont j’ai
toujours du mal à accrocher. A défaut d’acheter un billet d’avion pour la
Californie du Sud, vous pouvez faire le voyage pour beaucoup moins cher avec ce
nouveau cru de Mister Cool. Explications.
« Mankind Woman », un héritage des sixties
Les mauvaises langues diront que Bjork fait toujours un peu le même son, celui du desert rock teinté
de blues et de groove, et que finalement, il tourne un peu en rond comme
artiste. Le pire étant qu’on ne peut pas vraiment les contredire ; mais
pourtant lorsque sort un nouvel album de Brant
Bjork, j’ai justement envie de réécouter une énième fois ce son qui lui est
propre. « Mankind Woman » s’inscrit
parfaitement dans cette lignée, mais cependant l’ensemble est bonifié par
rapport aux productions précédentes.
En effet, ce disque rentre dans la catégorie des « albums fleuves » par des morceaux
qui s’enchainent d’une façon vraiment naturelle et ce, pour le plus grand
plaisir de nous esgourdes. Quel plaisir d’entendre ce côté groovy dès les
premières notes avec ‘Chocolatize’ qui me surprendra d’ailleurs à chantonner le
refrain au boulot. J’ajouterai une mention spéciale au titre éponyme de l’album :
ca transpire le blues, le groove, les accords de guitare chaleureux pour un
résultat plus que généreux pour les auditeurs. 'Nation of Indica' se veut comme un hymne au cannabis chanté par la voix écorchée de Sean Wheeler tandis que l'emblématique '1968' se veut comme une ode à une époque révolue mais dont les idéaux sont encore encrés dans les mentalités aujourd'hui. Il faut aussi saluer le mixage
de l’album qui est particulièrement léché avec une très bonne balance entre les
différents instruments ; c’est vraiment du beau boulot !
Que faut-il en retenir ?
Ce qui transpire le plus dans cet album, c’est tout l’univers
que Bjork a su distiller au fil de
ses albums : transmettre une certaine image du désert et par conséquent de
sa vision de la Californie. C’est le genre de disque qui donne envie de se
faire un barbecue entre potes, fumer et boire une bière tandis que le soleil se
couche à l’horizon. C’est ce disque qui fait perdre toute notion du temps au
volant de sa bagnole lorsqu’on traverse le désert. Comme je le disais plus haut, la piste '1968' est évidemment un écho d'un passé lointain que Brant Bjork lui-même n'a pas connu. Pourtant, quand on s'attarde sur cette piste - et aussi sur l'album en général - , il est difficile de ne pas faire le parallèle entre une Amérique des années 1960-70 plongée dans la guerre du Vietnam et celle d'aujourd'hui, sous l'ère de Donald Trump : cinquante ans les sépare mais pourtant les revendications et les défiances sont toujours d'actualité. Brant Bjork a su s'emparer des thématiques actuelles pour inscrire « Mankind Woman » dans son époque tout en se voulant comme un digne héritage des sixties. Et ce, aussi bien d'un point de vue musical avec les différentes ambiances qui traversent l'album que d'un point de vue politique pour les paroles des chansons. Mesdames et messieurs, vous avez là sans conteste l'un des disques de l'année et aussi le meilleur de Mister Cool depuis l'emblématique « Jalamanta » !