Je
sens votre regard réprobateur me juger. Je sens que vous me détestez
déjà, rien qu'en apportant ce nom dans cet estimable site musical.
Comment peut-il, du haut de son immense culture musical, écrire une
chronique d'un groupe de black-metal sur un site de stoner ?
Artic Thunder, une révélation
Il
va me falloir être un peu personnel au fond. Le black-metal
norvégien, c'est la période de mon adolescence. Je n'aime pas en
fait. Ca pue. Je me délecte des Who, de Deep Purple et de Led
Zeppelin. Mon côté rebelle me pousse jusqu'à Venom. Mais le
black…. Je suis pourtant un acharné. Cette histoire me fascine. Je
deviens fou amoureux de Celtic Frost, la référence absolue. Je veux
comprendre le dérapage, ce qui a conduit à ce sang, à ces
meurtres, ce qu'il se passe dans la tronche de ces types, dans leur
cave à Oslo. Mayhem m'emmerde, Immortal et Emperor ne me feront pas
plus d'effet. Et puis je me plonge dans l'oeuvre de Darkthrone. « A
Blaze In The Northern Sky » est un vrai disque pionnier, et
bien plus brillant que ce qui va suivre. Celtic Frost et Mercyful
Fate sont les deux mamelles de ce son qui me séduit bien davantage.
Evidemment,
ces garnements pubères vont trouver intelligent de piocher toujours
plus profond dans la provocation. Cela va se conclure par l'absurde
« Transilvanian Hunger », et son « pure
aryan black-metal ». De la connerie en barre qui va disparaître
bien vite. Dès « Panzerfaust », Darkthrone
bascule dans le trashy version Celtic Frost. La culture musicale des
deux zozos que sont Fenriz et Nocturno Culto fera le reste. Les
gaillards vieillissent, et leur musique s'abreuve de doom et de punk.
Les purs fans de black-metal les maudissent, les voient comme des
traîtres. C'est pourtant là qu'ils deviennent vraiment
intéressants.
Que faut-il en retenir ?
Le
dernier disque en date s'appelle « Artic Thunder »,
et c'est une vraie merveille, qui en suit déjà quelques-unes comme
« The Underground Resistance » en 2013 ou « Circle
The Wagons » en 2010. Darkthrone n'est plus un vrai groupe
de black-metal depuis vingt-cinq ans. Ils ont décidé de labourer un
sillon de pur heavy-metal noir, quel qu'en soit les origines. Ces
deux ours polaires se sont détachés du merdier black norvégien
pour suivre leur propre voie, et elle sera stoner-doom.
« Artic
Thunder » est leur dernier album en date, et c'est un sacré
tapis de bombes. Plus personne ne s'intéresse à Darkthrone :
leurs albums ne sont plus vraiment black-metal, et ils ne jouent plus
sur scène depuis 1993. Qu'a donc à proposer ce duo d'incapables ?
Tout simplement le meilleur heavy-metal stoner-doom glacial de son
temps.
Ces
hommes sont revenus de l'enfer. Ils ont été de ces infernaux
dérapages satanistes. Fenriz et Nocturno Culto n'avaient que
dix-huit ans. Ils en ont désormais presque cinquante. Ils sont des
experts musicaux. Et leur culture musicale enrichie considérablement
la musique d'un patronyme en perpétuel mouvement.
A
quoi ressemble la musique de Darkthrone aujourd'hui ? A une
fusion de punk, de thrash, de heavy-metal et de doom. Ce dernier
album en date en est une parfaite démonstration. 'Tundra Leach' est
une démonstration infernale. 'Burial Bliss' donne dans le speed.
'Boreal Fiends' est une pure pièce de doom infernal. 'Inbred Vermin'
est un volcan de heavy-punk infernal. Il rugit de colère, il conspue
l'ordre établi par sa furie.
'Artic
Thunder' est une pure merveille de fureur électrique.C'est un orage
boréal, un enfer de fureur. Il y a tant à dire de cette folie
musicale. 'Throw Me Through The Marshes' est une déception. 'Deep
Lake Trespass' est une possession infernale. 'The Wyoming Distance'
est une incandescence punk.
Ces
chiens de guerre viennent de fracasser les esprits. Darkthrone était
une entité musicale obscure, elle l'est restée. Le black s'éloigne,
et ces furieux rugissent de heavy-metal et de thrash obscur. « Artic
Thunder » est une véritable symphonie de heavy-metal noir.