Après un premier album sorti en 2017, les auvergnats de Witchfinder sont revenus en studio pour
nous pondre « Hazy Rites » sorti le 1er avril dernier chez
Black Bow Records. Si le premier opus était dans la trempe du Sorcier
Electrique, il est indéniable que ce second album se veut quelque peu
différent ; comme si le groupe avait évolué pour nous proposer quelque
chose de plus réfléchi, de plus mûr en somme. Et la maturité peut faire mal
donc mettez votre protège-dent pour écouter « Hazy Rites ».
« Hazy Rites » de Witchfinder, un doom mystique comme on en fait que trop rarement
N’allez pas croire que Witchfinder
a changé de bord musical. Non on reste dans ce qu’on peut largement appeler
de doom. Mais pas le vieux doom de papy Vino, non ici c’est les jeunes qui
prennent le relai et il est indéniable que ça apporte du bon. « Ouija »
donne déjà le ton à l’album avec un riff on ne peut plus efficace porté par une
batterie qui est juste monstrueuse. Puis vient un des titres qui me plait
particulièrement : « Satan’s Haze ». Clément, chanteur et
bassiste, s’incarne comme le prêtre qui va mener à bien la messe noire de Witchfinder : cette voix mystique
qui prend de la hauteur par rapport aux instruments confère une véritable
identité à « Hazy Rites ». L’ensemble sonne merveilleusement bien, je
me surprends même à scander les paroles tout levant les mains en l’air tant ce
titre prend littéralement aux tripes. Serait-ce là les signes d’une volonté de
communier avec Satan sans forcément le vouloir ? « Sexual
Intercourse » vous fera headbanger sévèrement tant le riff qui passe est
juste énorme. J’en profite pour parler du gros travail fait sur la
guitare ; que ce soit les riffs ou bien les solos tout est savamment
orchestré pour qu’on prenne du plaisir à écouter cet album. Mention spéciale à
la dernière partie de cette piste qui prend un côté hardcore avec du scream
dans le chant qui vient surprendre l’auditeur !
C’est justement ce côté hardcore qu’on retrouve à certains
moments qui donne un gros plus à « Hazy Rites ». C’est ce petit
plus qui donne toute la saveur lors de l’écoute. Au niveau musical, Witchfinder quitte un peu les
références aux ténors du genre. C’est difficile à expliquer, mais leur premier
album marchait sur les pas d’Electric
Wizard, ce nouvel album cherche à
quitter un peu l’ombre de ce dernier pour trouver sa propre voix. Ainsi,
l’ensemble sonne peut être moins heavy, mais gagne indéniablement en efficacité
et en puissance puisque chaque morceau est très bien rythmé. « Wild
Trippin’ » est – pour moi – l’un des titres porte-étendard de ce nouvel
album tant il est parfait du début à la fin, avec cette dernière partie qui
prend de la vitesse tout en gardant la puissance du riff. « Sorry »
est tout aussi impressionnant sur le fait que ce mot est crié des dizaines de
fois tout au long du morceau. Et puis, au risque de me répéter encore, ce
plaisir d’entre toujours ces échos dans les voix qui apportent une dimension
spirituelle et qui constitue l’un des points forts de cet album pour moi. « Dans
l’instant » vient conclure l’album de la plus belle des façons avec une
intro à la basse brute avant que les instruments viennent relever le tout avec
une certaine légèreté par rapport au reste de l’album. Du long de ses dix
minutes, elle nous permet d’avoir un dernier panorama sur les immenses qualités
de ce « Hazy Rites » en reprenant tout ce qu’il y a de bon dedans.
Que faut-il en retenir ?
Witchfinder fait
un véritable tour de force avec « Hazy Rites ». On a eu l’occasion
d’en parler lors de notre podcast du mois de mars, mais rare sont les albums de
doom d’une telle qualité. Les auvergnats jettent non pas un pavé dans la mare
mais carrément une putain de montagne dedans. Enregistré en Pologne l’autre
scène montante du stoner et doom en Europe, « Hazy Rites »
distille un doom mystique comme on en entend bien que trop rarement. Que ce
soit au niveau de la guitare dont les solos vous feront vibrer et les riffs
trembler, de la basse et batterie qui sonnent comme les garantes du bon
déroulement de la messe noire sans oublier la voix de Clément qui se veut comme
votre guide spirituel ; Witchfinder
a concocté une petite pépite musicale et l’un des meilleurs albums de doom de
ces dernières années. Un grand bravo pour le travail effectué, je ne serai pas surpris de le voir dans les tops de fin d'année !
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