L'année 2019 s'achève sur une étrange sensation. Nous n'avons jamais été autant au bord du gouffre. La planète se débine à une vitesse grandissante. Nous crevons de faim devant nos smartphones, assommés de factures. La colère gronde, et la radio ne nous sauvera pas, alignement de mélodies délavées, entassement de clichés sonores. C'est la nausée et les mains sales. Il reste pourtant le riff salvateur. Si le début d'année fut timide et peu palpitant, la seconde moitié de l'année est une belle explosion de talents.
20 BAG OF NAILS – THE WOLF INSIDE OF ME
Parce
que l'âme est vagabonde, on commence par un groupe de blues
psychédélique originaire d'Athènes en Grèce. Le blues est depuis
bien longtemps l'ombre de lui-même. Devenu une caricature bien
lustrée, étalage de virtuoses ineptes, l’âme du blues ancestral
du Delta s’était évaporée il y a une quarantaine d’années.
Bag Of Nails puise largement dans le Blues anglais des années 60,
et en offre une version palpitante, cuivrée juste ce qu’il faut,
et bien évidemment poisseuse à souhait pour ravir les amateurs de
stoner-rock.
19 COAT - DOOMSDAYS
Je
me méfie du stoner des pays de l’Est. Je pourrais presque avouer
des à-prioris. Tout ce que j'ai pu écouter de ces braves soldats
fut souvent décevant, maladroit, mal inspiré. Pourquoi ai-je écouté
un moment ce disque ? Je n'en sais rien, mais il m'a mouché. Un
quarteron de moujiks fait rugir le rock'n'roll avec un tord-boyaux
nommé doom/sludge. Deux morceaux entre quinze et vingt minutes, de
la rage plein les tripes : c'est l'assommoir. Ces biélorusses
ont de la colère psychédélique à revendre, et ils le font sur ces
thèmes hallucinés de premier ordre. Attention, la mine
anti-personnelle n'est jamais loin.
18 GEVAUDAN – ITER
Gevaudan
développe un doom glacial, inspiré à la fois par Solstice et le
premier album de King Crimson. L’émotion puissante qui y règne en
fait un des disques importants du genre. Les riffs grondent, les
solos de Bruce Hamilton sont emprunts de psychédélie. Les mélodies
lancinantes et la voix plaintive de Adam Pirmohamed font de ce doom
une lave noire qui envahit le cortex avec application.
17 THE COSMIC DEAD – SCOTTISH SPACE RACE
Les
écossais de Cosmic Dead reviennent avec un nouvel album. Le groupe a
largement été chamboulé, avec le départ de la moitié de ses
membres. Omar Aborida à la basse et James T MacKay à la guitare
sont les deux rescapés de l’équipage historique. Musicalement,
The Cosmic Dead poursuit son odyssée psychédélique dans la lignée
de The Heads de Bristol. Les quatre plages de ce nouvel album forment
un voyage sonore captivant et obsédant.
Puisque
j’évoquais The Cosmic Dead et The Heads un peu plus haut, voici un
autre guerrier psychédélique cosmique à ajouter à la liste. Le
quartet de Cambridge dirige toutefois son vaisseau vers des eaux plus
space-rock à la Hawkwind. Les guitares grondent, gorgées de fuzz et
de wah-wah, au milieu des tourbillons de synthétiseurs millésimés.
Ce troisième album est incontestablement leur plus réussi.
15 SLEEPING TREE – SLEEPING TREE
Faisons
un crochet en Allemagne, dans la ville de Augsburg en Bavière.
L'histoire de Sleeping Tree remonte à 2014, lorsque trois jeunes
gens décident d'unir leurs forces pour faire vibrer leur passion
commune pour Black Sabbath, Kyuss, Orchid, Led Zeppelin et Uncle Acid
And The Deadbeats. Pat Maiden tient la guitare et le chant, Konne la
basse et Busch la batterie. Ce premier album auto-produit réunit
l'ensemble des compositions aiguisées sur les scènes des clubs de
Bavière. On trouve le tranchant noir caractéristique du doom
psychédélique, à la fois féroce et halluciné. La voix d'enfant
possédé de Pat Maiden surnage dans une mare poisseuse de riffs
grondants : ‘Supernova’, ‘Mountain Sun’, ‘Moses’,
‘Violence Of The Sea’…
14 SAVAGE MASTER – MYTH, MAGIC AND STEEL
La
pochette de ce nouvel album nous renvoie aussitôt au coeur des
années 80, lorsque proliféraient les groupes de heavy-metal
proto-thrash, speed, et power. Savage Master est originaire de
Louisville dans le Kentucky. Il est fondé en 2013 par la chanteuse
Stacey Savage et les guitaristes Adam Neal et Larry Miers. John
Littlejohn tient la batterie depuis 2016, et le bassiste Brandon
Brown vient juste de s'échapper. Les albums « Mask
Of The Devil » et « With
Whips And Chains » sont sortis respectivement
en 2014 et 2016. Depuis sa création, Savage Master écume les scènes
américaines, et notamment les festivals de heavy-metal certifié aux
côtés de Manilla Road ou Cirith Ungol. Savage Master est
actuellement en tournée avec les monstres de Gwar. Savage Master
joue un heavy-metal inspiré de la New Wave Of British Heavy-Metal
(Raven, Grim Reaper, Satan...), mais aussi des groupes doom
américains du début des années 80 : The Obsessed, Pentagram,
Cirith Ungol. La mixture est savoureuse, entre influences assumées
et fraîcheur de l'interprétation. La voix de Stacey Savage, pleine
de hargne, rappelle celle de Vince Neil de Motley Crue. Savage Master
est un groupe aux frontières du Stoner, mais dont le talent méritait
largement de figurer sur ce site.
13 IRON SUN – HELIOS
On
part vers Saint-Louis, dans le Missouri, ou plutôt dans la banlieue
campagnarde de Farmington. C'est là qu'une petite équipe de
musiciens locaux a décidé de créer Iron Sun en 2017. Dustin Jones
est au chant, Josh Hinkebein et Mike Herod aux guitares, Steve Kaggs
à la batterie et Kevin Kirkpatrick à la basse. Les répétitions
donnent rapidement naissance aux compositions de ce premier album.
Elles sont rodées sur scène, lors de sets autour de Saint-Louis,
notamment en première partie de Forming The Void, Savage Master ou
RIP. « Helios »
est une puissante décoction de riffs massifs, de chant puissant et
rageur, et de compositions aux structures progressives. L'atmosphère
est guerrière, sombre et lyrique. ‘The Last Stand’, ‘Baptism
Of Fire’, ‘Devil's Wheel’… sont autant de cavalcades
obsédantes entre le sludge noir de Down et le doom-metal de Iron
Man.
12 PAPIR - VI
Papir est un trio danois composé du guitariste Nicklas Sørensen, du bassiste Christian Becher Clausen, et du batteur Christoffer Brøchmann Christensen. Ils produisent une oeuvre fortement inspirée d'un pionnier historique de la scène stoner-rock : Yawning Man, avec une musique instrumentale, psychédélique et volubile. Papir a fait un passage dans la maison El Paraiso entre 2011 et 2015 avant de rejoindre l'écurie Stickman Records avec l'album « V » en 2017. Les disques sont numérotés comme Soft Machine, en volumes encyclopédiques. Les pochettes sont plus graphiques, plus sombres aussi que celles de El Paraiso, colorées et souvent inspirés du surréalisme de Joan Miro. Ce nouveau disque ne faillit pas à la ligne de conduite du groupe depuis ses débuts. Il propose quatre improvisations de dix minutes environ chacune. On se laisse happer par cette musique luxuriante, lumineuse qui ne souffre d'aucun temps mort.
11 HEMPTRESS – ALCHEMY
Parfois,
la route est longue quand on veut faire du rock’n’roll. Les
racines du groupe Hemptress remontent aux alentours de 2015. Un
premier split-LP avec la formation Chronobot était sorti à ce
moment-là, et puis plus rien. Il y eut quelques concerts autour de
Kamloops en Colombie Britannique, Canada, leur ville d’origine.
Hemptress a décidé de sécuriser un concert avec le label Cursed
Tongue Records pour sortir leur premier album. Le line-up est lui
aussi stabilisé : Jesse Mac Taylor est au chant et à la
guitare, Jordan David Easson à la basse, Jordan Peter Bennee à la
guitare, et Matthew Michael John Bayley à la batterie. Ce dernier
vient juste d’intégrer Hemptress, c’est Taylor qui assure la
batterie sur « Alchemy ».
Le quatuor pratique un stoner-metal graisseux qui possède pas mal de
points communs avec des institutions du genre comme Wo Fat. La teinte
bluesy de leur musique en fait leur caractéristique sonore. Les
compositions sont solides et vives : ‘I Hear You Howlin’,
‘Alabaster’, ‘Electric Fire’… Le doom-metal vient aussi
s’inviter sur des pièces plus massives comme ‘When The Sun Goes
Down’, ‘Mind Corrupter’ et surtout la longue pièce de dix-huit
minutes que constitue le dernier morceau ‘Alchemy’, avec ses
multiples rebondissements. Sans révolutionner le genre, Hemptress
vient de s’imposer dans le paysage stoner de bien belle manière.
10 ECSTATIC VISION – FOR THE MASSES
les
quatre pirates de Philadelphie poursuivent leur voyage électrique
avec ce quatrième album en quatre ans. Ecstatic Vision ne s'est pas
ménagé, tournant partout. Ils ont fait la première partie de Yob
et de Uncle Acid & The Deadbeats aux
USA et en Europe,
ils ont incendié la scène du festival de Roadburn en Hollande.
Fortement
inspiré depuis leurs débuts par les savants fous de Hawkwind,
Ecstatic Vision a évolué vers une musique croisant désormais
davantage le Krautrock de Amon Duul II et les Stooges de l'époque
« Fun
House ».
Les guitares sont obsédantes, les synthétiseurs et autres
générateurs sonores éclaboussent les morceaux d'éclats
psychédéliques. Chaque
thème
installe un climat propice à la transe. ‘Shut Up And Drive’,
‘Like A Freak’, et ‘Grasping The Void’ sont les grands temps
forts de ce nouveau disque. ‘The Magic Touch’ distille une
influence d'Afrique Centrale, que le groupe avait déjà revendiqué
sur son album précédent avec plusieurs reprises de Zamrock, et qui
ouvre de nouvelles portes au rock halluciné d'Ecstatic Vision. Le
quatuor confirme avec ce nouvel album toutes ses qualités. Il a su
se renouveler tout en restant fidèle à son identité sonore unique.
9 VOKONIS – GRASPING TIME
J’avais
déjà apprécié les deux premiers albums de ce trio suédois en
2016 et 2017 : « Olde
One Ascending » et « The
Sunken Djinn ». Vokonis est composé du
guitariste-chanteur Simon Ohlsson, du batteur Emil Larsson et du
bassiste Jonte Johansson. Il a mis deux ans pour concocter ce
troisième disque, et le moins que l’on puisse dire, c’est que
les progrès de la formation sont majeurs en termes de qualité
d’interprétation et de composition. Au départ fortement marqué
par Sleep et High On Fire, Vokonis a intégré les influences de
Elder, Baroness et Mastodon. Son stoner-metal se fait plus progressif
et audacieux. Ohlsson a désormais d’incontestables qualités au
chant : cela s’entend notamment dans les nuances vocales de
‘Sunless Hymnal’. La section rythmique n’a pas peur des
changements de tempi. Les parties de guitare sont habitées par une
âme mélancolique et rêveuse d’une belle intensité. Vokonis
offre avec ce nouvel album une matière sonore de tout premier ordre,
et vient de fracasser la porte de la première division du genre.
8 SAINT KARLOFF – INTERNATIONAL VOODOO
Saint-Karloff est un trio
originaire d'Oslo composé du guitariste-chanteur Mads Melvold, du
bassiste Ole Sletner, et du batteur Adam Suleiman. Les trois
musiciens produisirent en 2018 un premier album très remarqué :
« All Heed The Black
God ». Saint-Karloff développe un doom-metal
vintage inspiré de Black Sabbath et de Budgie. Les influences des
textes et des visuels, comme le nom du groupe d'ailleurs, proviennent
des vieux films d'horreur et de la littérature fantastique.
Saint-Karloff n'hésitait pas déjà à étirer les thèmes sur
plusieurs minutes afin de créer des climats sonores, comme de petits
court-métrages. Cette fois, ils sont allés encore plus loin,
puisque « Interstellar
Voodoo »
est un seul et unique morceau de quarante minutes. Les derniers
furieux à avoir osé un tel pari furent les américains de Sleep
avec « Dopesmoker »
en 1995. Toutefois, il n'est pas question ici de procession obsédante
et granitique, mais d'un véritable moyen-métrage dans lequel se
succèdent différentes séquences. C'est un morceau à tiroirs où
se succèdent les riffs, les mélodies, les accélérations
rythmiques, et les atmosphères acides. A Black Sabbath et Budgie se
sont ajoutées des influences heavy plus obscures mais qui
enrichissent leur musique : T2, Stray, Wicked Lady…. Pour
renforcer encore l'aspect cinématographique, le morceau a été
publié en ligne avec une vidéo l'accompagnant.
7 AVALANCHE - INTERSTELLAR MOVEMENT
Cinq
autrichiens font rugir leur magma métallique depuis 2013, date de
leur première trace discographique. « Interstellar
Movement » est leur premier vrai album. Rapidement et
abusivement catégorisé sludge, ils sont le mélange de Black
Sabbath, du punk des Misfits et du blues-metal de High On Fire. Le
chanteur a une voix de teigne salace, qui survole un torrent de riffs
rageurs. La rythmique est solide, le son des guitares dégoulinant de
crasse. ‘Frequencies Below Zero’, ‘Jupiter Odyssey’,
‘Exosphere’ sont autant de tornades électriques aussi méchantes
que jubilatoires. Expédié en à peine plus de trente minutes, ce
premier album est une salve de fusil à canon scié.
6 OH SEES – FACE STABBER
John
Dwyer poursuit son œuvre frénétique avec ce nouvel album. L’homme
et son équipage font copuler krautrock, heavy-rock psychédélique
et jazz-rock aux frontières du free. Rien ne leur est impossible, et
même après dix-huit albums, l’inspiration semble ne pas se tarir.
'Henchlock' et 'Scotum & Scorpius', tous deux au long court, sont proprement passionnants. Oh Sees n’est pas à proprement parler un groupe de stoner-rock,
mais il en réunit tous les codes, hormis le gros son gras
caractéristique de nos groupes chéris. Son intransigeance
artistique mérite qu’il soit accueilli parmi les combattants de
notre cause.
5 HIPPIE DEATH CULT – 111
Portland
dans l’Oregon est située sur la côte Est des Etats-Unis, non loin
de la petite ville de Salem, célèbre pour ses procès en
sorcellerie. Il est probable que les musiciens de Hippie Death Cult ont de la mélancolie automnale, lorsqu’ils longent le
fleuve Columbia ou errent dans les forêts de Mount Hood et Gifford
Pinchot. Le quatuor se forme en 2017. Il est composé du guitariste
Eddie Brnadic, de la bassiste Laura Phillips, du batteur Ryan Moore
et du chanteur Ben Jackson. Le groupe tourne intensivement en 2018
sur la Côte Est en compagnie de Mos Generator, Ape Machine et Holy
Grove. Leur réputation grandit rapidement pour attirer l’attention
de Ripple Music qui décide de les manager. « 111 »
est leur premier album et leur unique sortie à ce jour. Ce disque
est tout à fait convaincant, avec des compositions solides et une
interprétation instrumentale dense et assurée. On y retrouve tout
ce qui fait le cocktail d’un bon disque doom, stoner et
psychédélique : Black Sabbath, Mountain, Blue Cheer, The
Obsessed, Pentagram, Monster Magnet… ‘Unborn’ est une belle
procession électrique, quant à ‘Pigs’ il rappelle la rage des
premiers albums de Black Sabbath. ‘Black Snake’ clôt le disque
avec ses dix minutes alliant stoner et doom, alternant les paysages
sonores lugubres et maléfiques. Hippie Death Cult est une formation
à suivre, notamment pour sa très bonne réputation scénique.
4 SURYA – OVERTHROWN
Les
rivages du port de Santa Maria près de Jerez en Espagne ont enfanté
ce quartet inspiré en mars 2016. Il est composé de Antonio Hierro à
la guitare et au chant, de José Zapata à la basse, de Jose Moares à
la guitare, et de Carlos Camisón à la batterie. Ils ont une petite
vingtaine d'années, et possèdent déjà une solide maîtrise
musicale qui leur a permis de développer un stoner-rock
particulièrement inspiré. Il est imprégné d'un psychédélisme
métallique rappelant les maîtres de Boston, Elder. Les compositions
sont solides : ‘Sundazed’, le bluesy ‘Crystal Gate’,
l'obsédant ‘Golden Tower’…. Surya est un groupe dont la
personnalité musicale est déjà bien établie, et vient de rentrer
directement dans la première division du stoner-rock européen avec
ce premier album.
3 BRETUS – AION TETRA
Bretus
est un quatuor italien originaire de Catanzaro dans la région de
Calabre en Italie. Son histoire remonte à 2000, lorsque le
guitariste Ghenes forme le premier embryon de ce que va devenir
Bretus. Le line-up se stabilise avec l’arrivée du chanteur
Zagarus, d'Azog à la basse et Striges à la batterie. Outre une
scène progressive très active dans les années 70, l'Italie fut la
terre natale des furieux Death SS et de son guitariste Paul Chain,
véritables légendes et fondateurs du doom-metal du début des
années 80. Il est donc logique que Bretus en soit l’un des dignes
héritiers. Après une première démo en 2008 et le EP homonyme en
2009, le premier album voit le jour en 2012 : « In
Onirica ». « The
Shadow Over Innsmouth » est un concept-album basé
sur la nouvelle de HP Lovecraft du même nom, et sort en 2015. « …
From The Twilight Zone » paraît en 2017. Bretus
développe un doom-metal massif et fortement influencé par
Pentagram. Le chanteur Zagarus possède d’ailleurs des intonations
proches de Bobby Liebling. Bretus s’inspire également de Black
Sabbath, des suédois de Candlemass, ainsi que du rock psychédélique
occulte des années 70. Les textes puisent largement dans la
science-fiction. La qualité des compositions restent d’une très
belle constance avec « Aion
Tetra » . Ce qui démarque ce nouvel album de ses
prédécesseurs est la très bonne prise de son, puissante et claire,
qui met davantage en valeur l'unité des quatre musiciens. Si la
musique de Bretus reste parfaitement dans les canons du genre, ce
disque fait assurément partie des productions récentes les plus
inspirées.
2 RUFF MAJIK – TARN
Ce
trio est
originaire de Pretoria en Afrique du Sud. Il est composé de Johni
Holiday au chant et à la guitare, de Jimi Glass à la basse et de
Beni Manchino à la batterie. Le groupe n'en est pas à son coup
d'essai. Le premier album nommé « Seasons »
est paru en 2018. Mais avant lui, il y eut trois EP massifs en forme
de bestiaire : « The
Bear »
en 2015, « The
Fox »
en 2016, et « The
Swan »
en 2017. A cela s'ajoute la série de EP « Season
1 »
en 2017 et 2018, plus trois simples. Ruff Majik n'a donc pas chômé
pour se construire une identité. Les belles pochettes, la prolixité
des compositions et des disques montre un foisonnement créatif
étonnant pour un si jeune groupe. Il semble que Ruff Majik cherche à
affronter le temps qui passe. L'inspiration est là, la fougue aussi,
peut-être que demain, dans un an, il n'en sera plus rien. Le
trio mixe sans vergogne stoner, doom, psychédélisme, et même un
soupçon de black-metal sur le morceau d'ouverture, ‘Schizophrenic’.
Le
disque offre des réussites sonores totales : ‘Gloom &
Doom’, ‘Dread Breath’ et son atmosphère desert-rock,
‘Heretically Happy’ et son doom massif…. Très
actif côté concert, le rendu scénique de ces morceaux est
assurément trépidant, comme ils l'ont prouvé sur la scène du
Bourlon Festival.
1 BLACK MASTIFF – LOSER DELUSIONS
Au
coeur de l'Alberta, à Edmonton, au Canada, ce trio fait vibrer les
murs de son petit local de répétition depuis presque dix ans. Clay
Shea tient la basse, Allan Harding la batterie et Bobby Yiannakoulias
s'occupe des guitares et du chant. Leur premier album, « Pyramids »,
sort en 2012, et « Music
Machine » en 2015. Le groupe a assuré de nombreux
concerts dans le pays. Il a profité du déménagement de Harding à
Vancouver pour se lancer de nouveaux défis. D'abord, les musiciens
viennent de monter leur propre label : Grand Hand Records.
Ensuite, ils ont enregistré ce troisième album à Palm Springs en
Californie avec John Garcia, prestigieux chanteur de Kyuss et Vista
Chino, comme producteur. Le résultat est un disque au son profond,
savant mélange entre blues cosmique et riffs acérés. Le chant de
Yiannakoulias a quelque ressemblance avec Stevie Wonder dans les
intonations. Leur musique rappelle aussi d'autres canadiens stoner :
Sheavy. Toute la palette du heavy-blues gonflé au kérosène résonne
sur ce très bon album, étape décisive dans la carrière de Black
Mastiff.
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