Si vous êtes amateur de sons psychédéliques en provenance d’Asie, vous connaissez certainement le label Guruguru Brain. Les japonais de Kikagaku Moyo ont signé dessus ainsi que pléthore d’autres groupes moins connus. C’est le cas du trio tokyoïte Dhidalah. Le groupe évolue à la croisée des chemins, quelque part entre rock psychédélique, space-rock et doom. « Sensoria » est leur deuxième album, et l’expérience est unique. Explications.
« Sensoria », une véritable odyssée sonique et psychédélique
L’album s’ouvre sur le titre ‘Soma’ dont la charpente est faite de notes aériennes qui tournent en boucle en guise de fond sonore, dans la pure tradition du psyché . Puis, au premier plan vient la batterie, la basse et la guitare. Le groupe a composé cet album à partir d’une session jam entre deux membres du groupe… cela se ressent dans la construction puisqu’on passe par diverses ambiances et paysages qui donnent la sensation d’être happé dans un tourbillon sonique. Sur la dernière partie, le chant rejoint la charpente en répétant en boucle les mêmes paroles tandis que la guitare hurle sa fuzz dans les tympans avant que la wah-wah prenne le relais pour finir d’envoyer l’auditeur dans une réalité parallèle…
‘Invader Summer’ sonne comme le deuxième acte de l’odyssée psychédélique par des guitares plus présentes et une mélodie plus stressante, pressante. Les paysages musicaux défilent à toute vitesse, on continue d’être pris dans le tourbillon sonique tandis que nos pupilles se dilatent face aux multiples kaléidoscopes bariolés qui défilent devant nos yeux. Puis une voix lointaine se fait entendre quelque part, au loin, derrière les riffs de guitare qui reviennent…. Avant que ces derniers ne finissent de nous emporter toujours plus loin dans les méandres de notre esprit. La fuzz, les tintements de cymbales et le fracassement des fûts de batterie participent à la grande danse psychédélique qui s’offre tel un bal dans nos oreilles.
Le titre ‘DEAD’ résonne comme une agréable pose qui s’ouvre avec la percussion de tamtam avant qu’une guitare acoustique prenne le relais. Le fond sonore est porté par une sorte d’onde sonique assez grave qui va-et-vient à chaque mesure. On se laisse facilement porter par les mélodies qui défilent et l’ambiance rêveuse qui s’en dégage : ce titre donne le sentiment d’être entrain de méditer au sommet du Mont Fuji, tandis qu’une mer de nuage défile sous nos pieds.
Enfin, ‘Black Shrine’ vient clôturer ce magnifique album. Il s’agit d’une piste de vingt minutes, la durée parfaite qui permet au groupe de s’exprimer sous tous les angles et de jouer avec les matières sonores. Une ligne de basse avec une réverbération prononcée assure les fondations avec la présence d’une batterie en mode « motorik ». La guitare vient sonner ses petites mélodies mielleuse dans le coin de notre oreille. Au fur et à mesure que les secondes s’écoulent, on retrouve, petit-à-petit, cette sorte de tourbillon sonique et psychédélique avec la voix de Kazuhira Gotoh qui résonne dans notre tête tel l’écho d’une divinité à travers les cieux.
Puis, sans crier gare, la musique s’arrête. Le temps semble se suspendre à quelques notes de basse et par le solo d’une guitare qui vient caresses nos tympans. Quelque part entre le psyché et le blues, on se laisse porter sur ce fleuve aux eaux calmes. Les notes défilent tandis que le temps semble se matérialiser d’une autre façon, l’auditeur en perd ses repères même s’il parvient à sentir le tempo qui s’accélère… Lorsque la guitare vient sonner de façon lourde, comme si une montagne s’effondrait dans l’océan. Une basse particulièrement ronflante résonne dans le dernier quart du titre afin d’accompagner les riffs quelques peu groovy de la guitare avant que cette dernière ne reprenne le chemin du tourbillon psychédélique comme au début de l’album. Tout s’emballe, le temps presse, les solos de guitare défilent à travers notre crâne tandis que la batterie se charge de faire vibrer nos tympans en bonne et due forme jusqu’au grand final… !
Que faut-il en retenir ?
« Sensoria » ne pouvait guère mieux porter son nom. Avec un tel album, les japonais de Dhidalah nous emportent dans leur univers, dans leur définition du psychédélisme et plus particulièrement dans leur vision du space-rock. Accrochez-vous, car « Sensoria » est une véritable odyssée sonique et psychédélique qui joue avec les sens et est, sans conteste, l’un des meilleurs albums de cette année pour tout amateur de rock psyché et de stoner.
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